L’éducation bienveillante promet des enfants épanouis et des parents zen. Mais derrière cette belle intention se cache parfois une injonction épuisante. Et si la vraie bienveillance commençait par s’autoriser à être humain ?

Depuis quelques années, le terme « éducation bienveillante » s’est imposé dans le débat public. Il s’affiche dans les librairies, inspire des blogs parentaux et sert de repère à de nombreux professionnels de l’enfance.

Pourtant, cette expression qui semble positive cache un piège.

Le piège du langage

En accolant « bienveillante » au mot éducation, on fait surgir immédiatement son contraire implicite. Si une éducation peut être qualifiée de bienveillante, c’est donc qu’il en existe de « malveillantes ».

Mais quel parent se reconnaîtrait dans ce terme ? Qui revendiquera une éducation fondée sur la malveillance ?

Personne, bien sûr. Et c’est là que le problème commence.

Le risque est double :

  1. Culpabiliser les parents ordinaires, qui oscillent entre patience et agacement, entre envie de comprendre et perte de sang-froid.
  2. Créer une norme idéalisée, où l’on attend de l’adulte qu’il soit infailliblement calme, toujours disponible et régulateur émotionnel parfait.

Cette opposition implicite n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une histoire longue de la pédagogie, marquée par des pratiques qu’Alice Miller a dénoncées sous le terme de « pédagogie noire ».

La pédagogie noire en arrière-plan

Alice Miller a forgé l’expression « pédagogie noire » pour désigner les méthodes éducatives autoritaires, humiliantes et violentes, qui visent à briser la volonté de l’enfant au nom de son « bien ». Ce système éducatif part du principe que l’enfant est mauvais par nature, et que son autonomie doit être supprimée au profit d’une obéissance totale aux adultes. Avec un postulat glaçant : « pour éduquer, il faut humilier ».

Alice Miller a largement dénoncé les effets de cette pédagogie, qu’elle considérait comme l’une des racines de la violence dans nos sociétés.

Il en subsiste encore des traces dans certains comportements :

  • envoyer un enfant au lit sans manger pour le punir,
  • ridiculiser publiquement un adolescent qui n’a pas « bien » répondu,
  • répéter des phrases comme « tu n’y arriveras jamais » pour motiver à l’effort.

Ce système de pouvoir et d’humiliation a progressivement cédé la place à une pédagogie dite « bienveillante » ou « positive », fondée sur l’encouragement, la gratitude et la valorisation des réussites.

Contrairement à ce qu’on lit ou entend parfois, il ne s’agit pas d’éduquer sans mettre de limites, mais d’éduquer sans humilier.

Quand la bienveillance devient injonction

L’intention initiale de l’éducation bienveillante est donc positive : protéger l’enfant des violences éducatives ordinaires, l’accompagner dans la reconnaissance de ses émotions.

Mais dans la pratique, cette posture peut devenir un fardeau.

En consultation, je vois régulièrement des parents victimes de cette injonction :

 

Sophie, maman de deux ados :
« J’ai craqué après la énième dispute entre mes enfants. J’ai crié et je les ai punis. Ensuite, je suis sentie trop nulle,  j’ai tout gâché. »

 

Marc, papa d’un garçon de 5 ans :
« J’ai mis mon fils cinq minutes dans sa chambre pour souffler. Depuis, je culpabilise parce que j’ai lu que le time-out était interdit. »

 

Léa et Thomas, parents épuisés :
« On a l’impression de devoir être parfaits tout le temps. Dès qu’on impose quelque chose, on se demande si on ne va pas traumatiser notre enfant. »

À force d’idéaliser la bienveillance, on nie les émotions et les limites de l’adulte. Et c’est à ce moment-là que cela devient problématique.

La réalité des familles

La vie réelle des familles est faite d’essais et d’erreurs, de gestes de tendresse mais aussi de fatigue et de maladresses.

Un parent qui crie sous l’effet de l’épuisement peut ensuite reconnaître son emportement et réparer la relation. Ce geste d’honnêteté vaut bien plus que la poursuite d’un idéal inatteignable où il faudrait rester calme en toutes circonstances.

Éduquer, ce n’est pas être parfait. C’est être présent, réel, et capable de reconnaître ses erreurs.

 

Vers une éducation « humaine »

Plutôt que d’exiger des parents une perfection « bienveillante », je préfère parler d’une éducation humaine :

  • respectueuse de l’enfant,
  • consciente des émotions et des limites de l’adulte,
  • ouverte à l’erreur et à la réparation.

Ce qui compte n’est pas l’incarnation d’un idéal figé, mais la construction d’une relation vivante et ajustée, où chacun a sa place et se sent respecté.

 

 Vous vous reconnaissez dans ces situations ?

Vous aimeriez retrouver de la légèreté dans votre rôle de parent, sans culpabiliser à chaque maladresse ? Vous cherchez un équilibre entre respect de votre enfant et respect de vos propres limites ?

C’est exactement ce que nous pouvons travailler ensemble lors des consultations de soutien à la parentalité.

Parce qu’éduquer, c’est d’abord s’autoriser à être humain.

 


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